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Que faire contre l'explosion des "bouilloires thermiques" ?

Publié le 26/08/2024
55% des Français ont déclaré avoir souffert de la chaleur dans leur logement pendant au moins 24 heures, un quart en a souffert "fréquemment" durant l'été, tandis que le nombre de personnes vivant dans des logements "trop chauds" a augmenté de 26% depuis 2013, révèle la Fondation Abbé Pierre (FAP).
 
La précarité énergétique ne se limite pas à l'hiver: en 2023, plus de la moitié des Français ont eu trop chaud dans leur logement, révèle mercredi la Fondation Abbé Pierre (FAP), appelant à adapter d'urgence l'habitat aux vagues de chaleur.

L'an dernier, 55% des Français ont déclaré avoir souffert de la chaleur dans leur logement pendant au moins 24 heures, un quart en a souffert "fréquemment" durant l'été, tandis que le nombre de personnes vivant dans des logements "trop chauds" a augmenté de 26% depuis 2013, dévoile la Fondation dans un rapport qui compile des données officielles.

Face à des vagues de chaleur plus intenses, fréquentes et longues, "de plus en plus de personnes subissent l'inadaptation, voire l'inhabitabilité de leur logement plusieurs mois par an", soulignent les auteurs. Avec des conséquences parfois mortelles, le nombre de décès liés à la chaleur de l'été 2023 étant ainsi évalué à 5.000, dont 75% chez les 75 ans et plus.

En cause notamment, des murs mal isolés et des logements mal ventilés, mais aussi l'absence d'espaces extérieurs ou de volets.

"Au-delà de l'euphémisme du "confort d'été", c'est l'habitabilité des logements et leur capacité à protéger leurs habitants (...) qu'il est urgent de prendre en compte", alerte Christophe Robert, délégué général de la FAP.

Malgré quelques évolutions, l'adaptation des logements à la chaleur "ne figure toujours pas au coeur des politiques de rénovation", poursuit le rapport.

De fait, la lutte contre la précarité énergétique porte surtout sur la réduction de la consommation d'énergie, la décarbonation du chauffage et le maintien d'une température minimale dans les logements.

Des freins réglementaires ou patrimoniaux empêchent en outre parfois l'installation de protections solaires ou l'application de couleurs claires en façade et en toiture.

93% du parc exposé

La situation est d'autant plus critique qu'elle risque de s'aggraver.

"Un Français sur sept habite un territoire qui sera exposé à plus de vingt journées anormalement chaudes chaque été d'ici 2050", prévient le rapport.

Pire, dans la perspective d'un réchauffement de 4°C, 93% du parc bâti sera exposé "à un risque fort ou très fort lié aux vagues de chaleur".

Selon une enquête Ipsos-RTE publiée en mai 2023, 37% des répondants souffrent "à la fois du chaud et du froid", dans des logements impossibles à chauffer l'hiver qui se transforment en bouilloires l'été.

Les appartements sont par ailleurs "trois fois plus souvent trop chauds que les maisons individuelles".

Plus minérale, plus dense et manquant souvent de végétation, la morphologie des villes "intensifie le ressenti et les conséquences des canicules, en participant au phénomène d'îlot de chaleur urbain (ICU)".

Ces ICU liés au béton qui stocke la chaleur le jour et la rediffuse la nuit, mais aussi à la circulation automobile, ont généré une différence de température de 10°C entre ville et campagne lors de la grande canicule de 2003.

Selon une étude publiée en mai dans Lancet Planet Health, Paris est la capitale d'Europe où le risque de mortalité face aux vagues de chaleur est le plus fort en raison de sa densité et du manque d'espaces verts.

Les moins de 25 ans, plus nombreux à vivre dans de petits logements mal isolés, sont 71% à souffrir de la chaleur en été, tout comme 70 % des locataires, selon l'enquête Ipsos/RTE.

Pas de température maximale légale

Les mères célibataires, les personnes âgées, physiologiquement plus vulnérables, ainsi que les ménages modestes sont également plus touchés.

Malgré ce constat inquiétant, aucune aide publique spécifique n'est prévue pour adapter les logements aux canicules en dehors des rénovations d'ampleur, relèvent les auteurs.

"Il aurait été utile de subventionner également de simples gestes pour des millions de ménages exposés à la précarité énergétique d'été, sans forcément qu'ils aient à engager des travaux lourds alors qu'ils ont parfois besoin en urgence d'installer des volets", soulignent-ils.

De plus, si un propriétaire est tenu de louer son logement "avec une température réglementaire minimum de 19 degrés en moyenne (...) aucune température maximale n'est indiquée pour la location".

 
 

Parmi les recommandations, la Fondation propose "d'intégrer systématiquement des travaux d'adaptation aux vagues de chaleur aux rénovations énergétiques subventionnées par l'État" ou d'instaurer un plan "grand chaud" pour protéger les personnes sans abri, elles aussi particulièrement vulnérables.

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